Double JE
"Double JE" procède d'une structure originale puisque les têtes de chapitres ne comportent pas des numéros mais des pronoms : Je, Je', lui, elle, etc. Cela tient au fait que la narration est double. Ce sont deux jumeaux qui s'expriment à la première personne du singulier (d'où le titre), l'un représentant le bien et l'autre, le mal. Ils seront les fils conducteurs d'une intrigue qui commence par une enquête policière et se termine par un thriller géo-politique. Entre un style néo-classique et des dialogues que Michel Audiard ne renierait pas, vous tournerez les pages avec appétit... jusqu'à une fin qui vous laissera sur votre faim !
Nestor Tredennis, professeur d'anglais à Nice, cherche un appartement et croit l'avoir trouvé mais, afin de s'assurer qu'il est phoniquement bien isolé, demande à l'agent immobilier s'il peut y passer une nuit. Ce dernier y consent et en remet les clés à Nestor. Lorsque celui-ci y revient, à peine a-t-il le temps de s'installer que la police fait irruption dans l'appartement. Elle y trouve un cadavre. Abasourdi, Nestor prétend qu'il ne peut avoir tué la victime puisqu'elle était déjà morte quand il est arrivé. La vidéosurveillance le prouvera. Malheureusement, l'image codée montre que Nestor s'est introduit dans l'immeuble à l'heure supposée de la mort, selon le médecin légiste. Dès lors, il fait appel à une avocate, Laurence Friedman, qui mandate Langsamer pour résoudre cette énigme. Très vite, Nestor révèle qu'il a un frère jumeau, Marc, à la morale très... élastique. Il se pourrait qu'il soit l'auteur du meurtre et qu'il l'ait fait endosser par son frère dont la ressemblance physique est troublante.
Langsamer va explorer cette piste et très vite faire innocenter Nestor. Mais il va aussi se pencher sur une autre piste, celle de la victime : un journaliste qui travaillait sur un dossier "explosif", selon son entourage. Langsamer va, alors, faire des découvertes qui dépasseront de loin une banale enquête policière.
Extrait
"Je suis abasourdi. KO debout... enfin, assis. Je n'ai mis que deux fois les pieds dans cet immeuble : la première avec le fantôme de Louis XV et la seconde quand je suis venu pour y dormir. C'est ce que j'explique à mon avocate en me demandant si c'est bien mon avocate, à la manière dont elle me regarde.
- C'est matériellement impossible. Si vous dites que le mec, il a été dézingué deux heures avant que j'arrive, ça fait aux alentours de vingt heures. J'étais chez moi en train de regarder le JT de la "une".
- Vous pouvez le prouver ?
- On peut demander à Claire Chazal de témoigner, mais je ne suis pas sûr qu'elle accepte.
- Dans votre situation, note maître Friedman, je me garderais bien de faire de l'humour. Je ne sais pas si vous le réalisez, mais vous êtes dans de sales draps.
On peut même dire qu'ils puent les draps de ma cellule mais bon... elle n'a pas l'air d'apprécier mon humour. Remarque, elle a raison. Je n'irais pas confier ma défense à Dieudonné.
- Admettons, dis-je, mais le mobile... vous y avez pensé au mobile ? Le mort, je ne l'avais jamais vu.
- S'il est avéré que vous ne connaissiez pas cette personne, c'est effectivement un bon point pour nous.
J'aime bien le "nous". Elle me plaît de plus en plus, cette fille.